Je vous présente Mavrick et Milky ! J’ai vécu avec eux ces dernières semaines ma première expérience de famille d’accueil pour le refuge SPA de Charente. Je retiens des moments forts, magiques, parfois difficiles. Mes deux pensionnaires sont partis depuis une semaine et j’aimerais aujourd’hui partager cette expérience avec vous.

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J’ai toujours été une grande amoureuse des animaux et j’ai d’ailleurs toujours eu des animaux dans ma vie. Je suis, comme tous ceux qui aiment les animaux, très touchée par le sort de ces centaines de chiens et de chats qui finissent enfermés dans des cages à la SPA après avoir été abandonnés. J’essaye de contribuer selon mes moyens à leur bien-être, par des dons de couvertures, de denrées ou d’argent. Mais je n’ai jamais réussi à aller plus loin dans la démarche. Être bénévole me faisait tellement peur ! Peur de trop m’attacher, peur de ne pas gérer ma colère à la vue de la cruauté et de l’égoïsme des gens, peur de ne pas supporter leur souffrance, peur de ne plus pouvoir faire la part des choses et de me perdre dans la tristesse de leur regard.

Il y a 5 semaines pourtant, mon amie m’a envoyé une annonce publiée par le refuge SPA de l’Angoumois situé à Mornac. Comme chaque année en été, les chatons sont arrivés en masse au refuge, par portées de 3, 4 ou même 7 chatons. Le refuge avait besoin de toute urgence de familles d’accueil pour ces portées. Je me suis dit que c’était vraiment le moment où jamais de franchir le pas.

Je suis allée au refuge SPA le lendemain. A mon arrivée, déjà la vue au loin des chiens dans leur cage me serrait la gorge. Toutes ces pauvres bêtes que l’on avait  abandonnées ou maltraitées… J’étais tiraillée entre l’abattement et la colère. Après avoir vérifié que les conditions d’accueil que je pouvais offrir aux chatons étaient conformes à leurs besoins, la bénévole présente ce jour-là m’a conduite à l’infirmerie où les cas les plus préoccupants étaient placés en quarantaine. Elle m’a confié deux petits frères à peine sevrés. En quelques minutes, j’ai signé le contrat de famille d’accueil et bien pris note de tout ce qu’il fallait faire et savoir sur l’engagement que représente le rôle de famille d’accueil.

Je précise que si les familles d’accueil le souhaitent, le refuge peut leur fournir l’ensemble des produits dont elles ont besoin pour soigner les chatons : nourriture, sacs de litière, caisse de litière, caisse de transport, trousse de médicaments.

Me voilà repartie ce jour-là avec ces deux petits frères pour quelques semaines à la maison, mais pas dans n’importe quelles conditions…

Pourquoi les chatons ont-ils besoin d’une famille d’accueil ?

Lorsque les chatons arrivent au refuge, ils ont en général quelques mois voire à peine quelques semaines de vie derrière eux. Parfois ils ne sont même pas sevrés et arrivent au refuge avec ou sans leur mère.  Ces petites boules de poils sont particulièrement fragiles et vulnérables face aux maladies et infections. Ils ne peuvent donc pas être placés à la chatterie avec les autres chats du refuge avant d’avoir été vaccinés.

Le refuge a donc besoin de les placer dans des familles d’accueil à l’abri des infections jusqu’à ce qu’ils soient vaccinés, identifiés par puce et vermifugés. Mais ils ne peuvent être vaccinés qu’à partir d’un certain poids, à savoir environ 1,5 kilogramme et sous condition d’être en forme.

Les chatons sont confiés aux familles d’accueil disponibles selon des critères spécifiques.  En l’occurrence lorsque je suis arrivée au refuge, l’urgence concernait une portée de 2 frères en cours de traitement d’une chlamydiose (infection des yeux, complication probable d’une leucose envisagée, mais sans certitude) et qu’il fallait éloigner des foyers infectieux potentiels.

Quelles conditions pour être famille d’accueil pour chatons ?

Les conditions pour accueillir des chatons sont simples mais peuvent s’avérer compliquées à la fois.

D’abord, il est nécessaire de les placer en quarantaine jusqu’à leur vaccination. Il ne doivent ni côtoyer d’autres animaux, ni sortir. Or bien souvent, celles et ceux qui se lancent dans l’aventure de famille d’accueil sont de grands amoureux des chats, et en ont déjà chez eux… C’était évidemment mon cas ! J’ai deux chats adultes qui sortent selon leur gré, notamment durant l’été puisque je laisse la porte fenêtre du salon ouverte en permanence. J’ai donc dédié une grande  chambre de 16 mètres carrés à mes deux pensionnaires, porte fermée en permanence, à l’abri de mes chats et de la sortie vers le jardin.

La seconde condition indispensable est d’avoir beaucoup de temps à leur consacrer pour les sociabiliser et les rassurer. Les chatons qui arrivent au refuge sont souvent très peureux, parfois presque sauvages, et n’ont aucune expérience de la vie. Le rôle de la famille d’accueil est d’être présente pour les accompagner dans les premiers mois de leur vie et notamment  leur redonner confiance en l’homme. J’ai passé énormément de temps enfermée en quarantaine avec eux. Ça n’a pas toujours été facile pour moi, je me suis parfois sentie oppressée et contrainte dans cette pièce toute la journée. C’est une notion dont il faut avoir conscience, il ne s’agit pas d’imaginer qu’il suffit de jouer 2 heures par jour avec eux et de les laisser dans la pièce. Le rôle de famille d’accueil demande beaucoup de de temps et de patiente.

Mavrick et Milky sont arrivés très effrayés, ce qui est tout à fait normal dans la mesure où leur nouvel environnement leur était totalement inconnu. J’ai déposé leur caisse de transport dans un coin de la pièce en laissant la grille ouverte et je me suis installée à l’autre bout de la pièce. Ils ont timidement commencé à explorer puis se sont cachés sous le lit assez longtemps. A force de patience, ils se sont approchés de moi et petit à petit m’ont intégrée dans leur environnement. La première fois qu’ils ont ronronné sous mes caresses, j’en ai eu les larmes aux yeux.  Ils se sentaient en confiance. Nos rapports ont rapidement pris un tournant très affectueux. Milky, qui ne devait pas être bien sevré, a commencé à téter mes lobes d’oreilles. Je suis rapidement devenue le centre de leur univers. Dès que j’entrais dans la pièce le matin, ils m’accueillaient en courant vers moi, voulaient venir dans mes bras, réclamaient des câlins puis voulaient jouer avec moi.

Mais au bout de quelques jours mes chatons sont tombés malades.

Comment gérer le suivi médical des chatons ?

Lorsque les chatons sont souffrants au moment où la famille d’accueil les prend en charge, le refuge fournit les médicaments à administrer selon la posologie. Pour ma part, lorsque je les ai accueillis, il restait 2 jours de traitement à donner aux chatons pour leur chlamydiose.

Si un chaton tombe malade pendant qu’il est dans sa famille d’accueil, il faut en référer aux bénévoles du refuge. Selon les cas, soit la famille d’accueil ira chercher des médicaments au refuge pour soigner le chaton, soit elle pourra emmener le chaton chez un vétérinaire partenaire du refuge avec l’accord des bénévoles.

Ce fut mon cas lorsque mes chatons sont tombés malades. Entre les fièvres qu’ils se sont refilé, la déshydratation et les ulcères, je dois dire que je n’ai jamais autant visité le cabinet vétérinaire que durant cette période ! Mes pauvres chatons, qui avaient déjà mal démarré dans la vie, n’étaient pas au bout de leurs peines. C’était d’autant plus important pour moi d’être présente en permanence pour eux, de les rassurer et de les soigner tout au long de cette période difficile. Ce furent 2 semaines difficiles durant lesquelles je me suis demandée s’ils allaient s’en sortir tous les deux, si un jour la vie allait leur sourire pour de vrai…

Heureusement, mes petits bouts ont fini par se remettre sur pieds et reprendre leurs combats fraternels et leurs cavalcades à travers la pièce. J’étais vraiment heureuse de les voir ainsi après les avoir vus abattus, fiévreux et comateux. Ils ont finalement bien grandi et ils ont pu être vaccinés et pucés.

Sachez qu’en cas de nécessité de consulter le vétérinaire, les frais engendrés sont à la charge du refuge, sachant que le cabinet vétérinaire n’applique pas les tarifs publics lorsqu’ils soignent des chatons du refuge en famille d’accueil. Je n’ai donc absolument rien eu à payer (même si nul n’est besoin de préciser que je l’aurais fait s’il avait fallu).

L’adoption des chatons, gérer la culpabilité et le manque !

L’étape la plus difficile à vivre est sans conteste celle de l’adoption des chatons par leur famille. Après avoir passé à peine 4 semaines avec moi, ils étaient prêts à partir vivre leur vie dans leur famille.

J’avais passé des annonces sur les réseaux sociaux afin d’aider le refuge à leur trouver une famille d’accueil. Malheureusement, ils n’ont pas pu partir ensemble, mais deux gentilles familles ont chacune craqué pour l’un des chatons. J’ai transmis leurs coordonnées au refuge. Le processus d’adoption est géré par le refuge, car les chatons restent sous leur responsabilité jusqu’au jour de l’adoption. Les familles sont donc allées signer leur contrat d’adoption de leur chaton au refuge SPA de Mornac.

Puis est arrivé le jour de la séparation. Je dois bien avouer que j’ai très mal vécu cette période. J’avais pourtant bien intégré le fait que je ne pourrais pas les garder et qu’ils n’étaient là que pour quelques semaines. Mais au moment de les séparer, de les emmener dans leur famille, de revenir chez moi dans ce vide intersidéral qu’ils avaient laissé, ce fut une autre histoire…

J’ai d’abord ressenti une immense vague de culpabilité. J’avais le sentiment de les abandonner, de les laisser à des inconnus après les avoir séparés. Je sais que les chatons s’adaptent vite à de nouveaux environnements et que l’essentiel est qu’ils soient aimés. Pourtant, à l’idée de les emmener dans leur famille et repartir sans eux, je me suis sentie horrible et lâche, j’avais l’impression de les trahir.

Et puis je ne m’étais pas rendue compte à quel point je m’étais attachée à eux en si peu de temps, à quel point ils avaient rempli mon quotidien d’amour et d’attention. J’ai pleuré pendant plusieurs jours, je continuais de les entendre courir et miauler à l’étage alors qu’ils n’étaient plus là. Les familles qui les ont adoptés ont eu la gentillesse de me donner de leurs nouvelles durant les premiers jours et ça fait tellement de bien !! Il m’a fallu une semaine pour commencer à m’habituer à leur absence, même si je pense à eux chaque jour.

A refaire ?

Plutôt que le profond chagrin que j’ai ressenti quand ils m’ont quittée, j’aimerais retenir uniquement ce que j’ai pu leur apporter de positif.  Le fait d’avoir permis à ces deux êtres sans défense de se sentir aimés, accompagnés, choyés durant cette période de transition au lieu d’attendre dans une minuscule cage de pouvoir être vaccinés. Le fait d’avoir pu leur redonner confiance en l’homme, parfois si cruel envers eux. Le fait d’avoir été aux petits soins lorsqu’ils étaient souffrants et qu’ils ne comprenaient pas ce qui leur arrivait.

J’espère être assez forte pour renouveler cette expérience car ces adorables trésors sans défense ont vraiment besoin de notre aide. J’espère également que ce partage d’expérience pourra répondre aux interrogations que vous vous posez sur l’expérience de famille d’accueil pour chatons et que vous n’hésiterez pas franchir le pas vous aussi si vous hésitiez à le faire.

Pour finir, je voulais vous montrer quelques photos prises 3 jours après leur arrivée. Ne sont-ils pas adorables ??

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